Une intussusception se produit quand une anse d’intestin s’invagine dans le segment intestinal aboral et se déplace caudalement. On distingue les intussusceptions pyloro-duodénales, jéjuno-jéjunales, iléo-iléales, iléo-caecales, caeco-caecales, caeco-coliques, coliques et colo-rectales. Le pronostic vital dépend de la durée d’évolution, du site et de la longueur d’intestin atteint. Le traitement est forcément chirurgical. Un délai long de traitement est associé à un pronostic plus sombre, avec une réduction de l’invagination de plus en plus difficile voire impossible, et une entérectomie conséquente. Il est donc fondamental d’identifier cette lésion le plus tôt possible afin d’éviter des complications comme une nécrose intestinale et une péritonite aigue généralisée. Les intussusceptions sont causées par altération de la motilité intestinale. Les causes primaires décrites sont une inflammation intestinale, une artérite vermineuse, une infestation parasitaire massive (par des anoplocéphales, des arascaris, des grands strongles ou des cyathostomes,) ou, moins fréquemment, par un corps étranger ou une masse (abcès, tumeur). Cette affection est rare et doit être suspectée principalement chez les jeunes chevaux de moins de 3 ans. Les signes cliniques varient beaucoup selon le degré d’obstruction et de lésions pariétales intestinales. Lors d’intussusception aigue, la douleur abdominale associée est sévère, et des signes cliniques compatibles avec une occlusion intestinale sont facilement mis en évidence. Lors de phénomènes subaigus ou chroniques, la douleur initiale peut être violente, puis faire place à une douleur légère à modérée, récurrente. Dans ce cas, il est opportun de suspecter une intussusception lorsque de la fièvre intermittente, une dysorexie, un ballonnement abdominal, une diarrhée intermittente sont associés aux signes de coliques. Une absence de tachycardie, un poil piqué et un amaigrissement sont rapportés dans les cas plus chroniques. Parmi les modifications sanguines, il semble qu’une leucocytose neutrophilique et une hypoalbuminémie soient fréquemment rencontrées, surtout dans les cas subaigus et chroniques. La palpation transrectale peut parfois permettre de palper une masse anormale. Une masse tubulaire et de consistance oedémateuse suggère une intussusception jéjunale, alors qu’une masse arrondie et turgide dans le cadran caudal et supérieur droit suggère une intussusception iléocaecale. L’examen de choix est l’échographie abdominale ; l’image typique suggérant une intussusception intestinale étant une image en « cible » en soupe transversale (couches concentriques). Selon la localisation, la lésion sera visible ou pas. Des évaluations séquentielles sont très utiles pour rechercher cette image suggestive. Un œdème pariétal, une dilatation des anses en amont de l’occlusion et une effusion péritonéale sont aussi à rechercher. Le liquide de paracentèse peut être totalement normal du fait de la compartimentalisation du liquide. Lors de coliques chroniques et récidivantes, la modification progressive du liquide péritonéal (turbidité, couleur, concentration en protéines totales et cellularité) suggère une occlusion progressive avec altération de la barrière intestinale. Ainsi, les intussusceptions doivent entrer dans le diagnostic différentiel d’une colique aigue ou chronique, particulièrement chez un jeune cheval parasité.